Les « Stop & Go » successifs qui résultent de la pandémie ont profondément bouleversé les perspectives des marchés. Le marché de l’événementiel n’a pas échappé à ces impacts et les attentes des clients ont été modifiées. Cette interview de François BONIN, dirigeant d’Absolute Event confirme les tendances générales observées.
Les perspectives commerciales vous semblent-elles favorables pour 2022 ?
François Bonin : Il y a eu des périodes plus fastes ! … (rires) mais il y a aussi eu des périodes beaucoup plus difficiles les années passées. Bien entendu, les récentes dispositions gouvernementales pour limiter la pandémie imputent directement notre marché des événements d'entreprise, mais paradoxalement, la confiance en l’avenir reste forte. La perspective de la fin de la pandémie et de l’augmentation du taux de vaccination avaient rassuré les entreprises et avait permis des projections immédiates d’organisations d’événements. Les annonces ont retardé les programmations, mais elles ne sont pas annulées. Les besoins événementiels sont certains et identifiés clairement dans les stratégies. Reste à définir le moment opportun pour planifier l’événement, ce sera là l’enjeu des décisions.
Quelle est l’incidence de cette tendance pour l'événementiel ?
François Bonin : La première difficulté sera de gérer le volume des organisations qui vont mécaniquement se superposer sur des périodes favorables de fin de premier semestre. La disponibilité des sites, des intervenants, techniciens, etc sera obligatoirement plus compliquée et nécessitera une gestion pointue pour éviter les « bugs » d’organisation. Par ailleurs, le travail de préparation est forcément impacté, car il doit être fait sans toutefois connaître exactement tous les paramètres… Pas toujours évident d’anticiper ce que sera un événement quand on en connaît pas précisément la date ! Cela oblige à prévoir des « plans B » (B comme « back-up ») pour être capable de réagir très vite en cas d’impossibilité sur l’idée initiale.
Les attentes des clients ont-elles évoluées ?
François Bonin : Nécessairement. La vie des entreprises a été bouleversée et celle de leurs collaborateurs aussi ! L’environnement économique a été largement modifié et remodelé. Les attentes sont donc obligatoirement différentes. On observe une réelle tendance à la recherche de valeurs et de sens à l’action dans les entreprises. Les équipes veulent se retrouver, échanger, partager… Revivre un peu quoi ! (rires) Toutefois, cette tendance ne s’inscrit pas dans une forme de joie collective… Les entreprises et tous les gens ont bien intégré que ce n’était pas la « Libération » mais plutôt l’occasion de monter en qualité dans les relations. Le digital à provoqué une frustration et fatigue morale dont on ne mesure pas encore le réel impact négatif. Les exigences de qualité d’échanges sont importantes dans cette perspective.
Les tendance événementielles ont-elles de nouvelles formes ?
François Bonin : On peut sans aucun doute affirmer qu’elles confirment une tendance déjà observée les années précédentes : la responsabilité sociétale des entreprises devient essentielle. Cette intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités événementielles et leurs relations avec les parties prenantes ne peut être négligée. La norme ISO 26000 qui définit la RSE à des domaines d’application assez large pour permettre aux entreprises d’intégrer un événement dan le cadre d’une démarche RSE. C’est en fait une belle opportunité de valoriser les événements en leur donnant un sens positif pour l’entreprise et la société. Une mutation essentielle programmée en fait…
Les agences événementielles sont-elles prêtes à cette mutation ?
François Bonin : Celles qui ne le sont pas n’existeront plus et ça réduira la concurrence !… (rires) Notre métier consiste à créer, innover, nous adapter pour proposer des solutions et accompagner les entreprises dans leur développement. Nécessairement, dans un premier temps, des outils digitaux ont été mis au point pour faire face à la nécessité de réunir les gens à distance. Déjà, la créativité sur les contenus et la maîtrise technique ont nivelé la qualité des offres à ce niveau. Ensuite, est venue la possibilité de faire vivre des événements parallèles, à la fois virtuels et physiques. Cette dernière solution, encore très sollicitée, présente l’avantage d’être moins coûteuse et permet une communication plus large, mais elle est aussi plus complexe à réaliser et exige une solide expérience. Enfin, la prochaine tendance sera sans aucun doute de privilégier l’humain et là, la qualité des offres et des contenus seront vraiment essentielles.
Pensez-vous qu’il y a un enjeu sur la dimension humaine dans l’entreprise moderne ?
François Bonin : Albert Einstein disait « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera toute sa vie a croire qu'il est stupide ». La définition même de l’entreprise est la réunion d’un groupe de femmes et d’hommes pour réaliser un projet commun. L’individu reste le moteur, y compris dans les entreprises les plus technologiques. Reste à bien définir le cadre d’évolution et la manière de produire ensemble et de faire émerger les talents. C’est là que le besoin de modèles et de référents apparaît. Illustrer les valeurs, générer de la participation pour provoquer l’action, la création et la motivation. Mon expérience de centaines d’organisations d’événements et les échanges avec des managers reconnus parmi les plus performants m’ont convaincu du bien-fondé fondamental d’agir sur l’humain. Les ressorts essentiels sont souvent déjà dans l’entreprise… Mais ne sont pas identifiés.
Quelle serait votre conclusion ?
François Bonin : De formidables aventures en perspectives ! De vrais challenge pour innover, motiver et animer les équipes. Les nouveaux événements seront différents à la fois dans leurs contenus et dans la manière de les vivre. Une formidable opportunité pour nous, « créateurs accompagnants ».
By Absolute Event, Studio de création événementielle.